Lettres de résistants

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Le testament de Charles Bonafedi

 

Il avait dix-sept ans quand l’ennemi vint occuper son village, en novembre 1942. Il entre dans la Résistance, est fait prisonnier et part, enchaîné, vers le lointain exil. Du camp de déportation, il s’évade et, le 25 août 1944, il envoie en Corse ce message :

« Mes très chers parents, Je vous écris à tout hasard car je ne sais si ma lettre vous parviendra. Enfin, vous saurez qu’avant de partir j'ai pensé à vous. Demain à une heure de l'après-midi je pars… Ici une ressource s'offre à moi : ne pouvant combattre aux côtés des Français, je vais rejoindre les patriotes slaves.
Si vous restez longtemps sans nouvelles de moi ne désespérez pas car s'il m’arrivait malheur vous seriez prévenus ; mais si cela arrivait ne me pleurez pas, je serai mort en tâchant de faire mon devoir.
J'ai vu, papa, les sacrifices que tu as consentis pour m'envoyer à l’école. Si je vais combattre c'est pour que d'autres papas n'aient pas besoin de se saigner pour élever leurs enfants, c'est pour que tout le monde travaille dans un monde de paix et de prospérité.
Si je tombe, d'autres resteront qui finiront notre œuvre. Maman, ne te fais pas de mauvais sang. Ton fils, vois-tu, va lutter pour que les autres mamans qui viendront n'aient plus peur pour leurs gosses. Sois courageuse comme j'essaie de l'être en ce moment : je ne veux pas pleurer, non, c’est mon devoir que je vais faire.
Paulo, toi mon frère, n'abandonne pas papa et maman. Console maman surtout. Tâche de lui faire comprendre que je devais faire cela.
Embrassez tous nos parents et saluez tous les camarades et les voisins. J’ai le ferme espoir de retourner et alors nous pourrons faire la fête.
Courage tous !! Si vous recevez la nouvelle de ma mort, plantez une croix à côté de la tombe de Jules Mondoloni. Si je ne reviens pas, sachez que ma dernière pensée aura été pour vous et pour la cause. je vous embrasse de tout mon cœur. Votre fils qui pensera toujours à vous ».

Charlot Bonafedi a rejoint les patriotes de Tito en Yougoslavie, Il est mort au combat à Prinsko, le 2 mars 1945. Au cimetière de Petreto-Bicchisano, une petite croix est plantée, près de la tombe de Jules Mondoloni. Que l'herbe jamais ne l’étouffe !!