Cérémonies du centenaire de Danielle Casanova en 2009

Danielle Casanova est élevée au rang d'héroïne nationale en 2009

Danielle Casanova fut érigée, dès les mois qui suivirent sa mort, et pendant des dizaines d'années suivant la libération, en icône majeure de la résistance. Elle représentait toutes les autres femmes qui, avec courage et abnégation, se sont surpassées en surmontant leur peur pour sauver leur pays et leurs camarades. Cependant dans les années 80 une longue plage de silence a suivi, reléguant aux oubliettes de l'histoire, une des héroïnes françaises les plus honorables. Le rejet de l'idéologie communiste y fut pour beaucoup. Or nous savons bien que les polémiques politiques ne peuvent occulter sans dommage les hauts faits de l'Histoire. Car le devoir de mémoire se situe bien au delà de tout esprit politique partisan. En 2009, année commémorative du centenaire de sa naissance, Danielle Casanova a été élevée au rang d'héroïne nationale et depuis cette date, célébrations, commémorations, expositions, films et pièces de théâtre contribuent à entretenir à nouveau la mémoire de cette héroîne.


 

La journée mondiale de la Corse du 9 janvier 2009, date du centenaire de la naissance de Danielle Casanova, résistante morte à Auschwitz.

Edmond Simeoni (Président de Corsica Diaspora), et Sylvain Ettori (Président fondateur de Corsica~Cinéma), ont coordonné depuis le Sénat la Journée Mondiale de la Corse.

Un débat a été organisé en même temps à Paris (animé par Jean-Marie Colombani), à Ajaccio (animé par Sampiero Sanguinetti) et à Bastia (animé par Joseph-Guy Poletti), sur la thématique du jour : « La Corse qui résiste, la Corse qui gagne. »

Cet intitulé a été choisi en hommage à Danielle Casanova dont le centenaire de la naissance, a été célébré le jour même au SENAT, par ‘’Corsica ~ Cinéma’’

Le colloque - ‘’Ella aurait eu 100 ans’’ - a été brillamment introduit par l’historien Michel Vergé Franceschi tandis que la sénatrice Hélène Luc (responsable du Musée de la Résistance) a ensuite rendu un émouvant hommage à Danielle Casanova.

Les artistes se sont succédés :

Robin Renucci tout d’abord accompagné d’une jeune comédienne pour une lecture à deux voix des lettres de Danielle Casanova.

Yves Duteil a dédicacé la chanson ‘’Maquisard(e)s’’ (Magà Ettori – Patrice Bernardini) à Danielle Casanova et à toutes les femmes résistantes.

Si, le jour est noir et sans saveur
fille de la terre

la liberté semblera lueur
une victoire d’amour et de coeur

Ici, les bandits pour l’honneur
Fiers du courage de leurs soeurs
Rêvent d’une vie, d’un monde meilleur
Les maquisardes…

Elles vivent dans l’histoire, dans nos mémoires
Lella, Giovanna, Santa, Anna Maria
Leur destinée telle une tour d’ivoire

Elles vivent dans l’histoire, dans nos mémoires
Une lumière bien au-delà du soir
Les maquisardes une source d’espoir

Quand, l’aube maquillera les fleurs
Sonnera l’heure du bonheur
la dentelle deviendra douceur
Les maquisardes.

 

Patrice Bernardini a interprété un titre en langue corse : Jean Nicoli, comme un dernier hommage à ces hommes et ces femmes qui ont donné leur vie pour la liberté.

 

 

Célébrations à Piana

Texte d'Isaline Amalric-Choury, lu par leur instituteur aux élèves de CM1 et CM2 de Piana le jeudi 7 mai 2009

Après demain, samedi 9 mai sera une journée exceptionnelle pour votre village. Il y aura des cérémonies en l’honneur de Danielle Casanova qui est morte le 9 mai 1943, dans un terrible camp de prisonniers.

Le matin à 11h sa famille, la population de Piana et de Vistale ainsi que des invités venant d’autres villages iront devant son tombeau à Vistale pour montrer qu‘on ne l‘a pas oubliée. Ils monteront ensuite à la salle des fêtes voir une exposition qui retrace toute sa vie. Vous pourrez voir une petite poupée de chiffon que Danielle Casanova a faite de ses mains pendant qu’elle était en prison, pour sa nièce.

Piana pensera à elle ce jour là car Danielle Casanova était bien une enfant du village, elle s’appelait en fait Vincentella Périni et ses parents étaient tous les deux instituteurs à Ajaccio. Danielle était son nom de résistante pendant la guerre pour se cacher des Allemands. Quand elle était enfant comme vous, on l’appelait Lella. Elle était une enfant vive, joyeuse rieuse, elle jouait dans les rues avec les enfants du quartier. Elle aimait la vie, la joie, l'amitié, le rire et les jeux. Elle travaillait bien à l'école; lisait beaucoup était très intelligente et toujours prête à aider les autres. Elle habitait Ajaccio mais passait toutes ses vacances scolaires à Vistale chez ses grands-parents Elle adorait sa famille, et était profondément attachée à sa Corse natale.

C’était donc une enfant comme beaucoup de petites filles corses. Mais alors, pourquoi tous ces honneurs pour une simple fille de votre village? Parce que le gouvernement l’a élevée officiellement au rang d’héroïne nationale pour l’année 2009. Vous savez ce qu’est un héros ou une héroïne: c’est une personne très courageuse, qui va au-delà de sa peur, et qui est capable de risquer sa vie pour sauver ses camarades ou son pays.

Comme tous les héros, elle a montré un courage exceptionnel pendant la dernière guerre qui opposait la France à l’Allemagne. Depuis ses luttes clandestines de résistante contre les Allemands qui occupaient son pays, jusqu’à sa mort, à l’âge de 34 ans, dans un horrible camp de prisonniers où les Allemands l’avaient enfermée. Dans ces types de camps, étaient gazés dès leur arrivée tous ceux que le maître de l’Allemagne, un fasciste et raciste qui s’appelait Hitler, traitait de « sous hommes » et qu’il voulait éliminer : les juifs, les gitans et les homosexuels. Les autres prisonniers, arrêtés parce qu’ils se battaient contre l’occupant allemand se retrouvaient avec un n° tatoué sur leur bras comme des animaux et étaient sauvagement frappés et torturés. Il en était ainsi du sinistre camp de Birkenau où étaient enfermées Danielle Casanova et ses 230 compagnes. Elles mourraient de faim et de soif. Des rats couraient partout, les pauvres femmes attrapaient des maladies et elles n’étaient pas soignées.

Danielle Casanova les aidait en leur donnant une part de sa nourriture et en volant pour elles des médicaments pour les soigner. Elle entourait avec affection et tendresse les femmes qui étaient en train de mourir et donnait du courage aux survivantes pour supporter leur souffrance. C’est en soignant les autres qu’elle a attrapé le typhus et est morte à son tour le 9 mai 1943.

En visitant l’exposition, salle des fêtes de la Mairie, vous verrez que, depuis l’année de sa mort jusqu‘à maintenant, la France entière a montré qu’elle n’oubliera jamais Danielle Casanova. Danielle Casanova, pour vous, c’est d’abord le nom d’un bateau ou le nom de la rue qui part de Piana, passe par Vistale où se trouve la maison de famille de Danielle et son tombeau, et qui finit à Arone. Sachez aussi qu’une centaine de boulevards, d’avenues, de rues, d’écoles, de centres de loisirs, de jardins ou d’hôpitaux portent son nom dans toute la France. Des poètes et des chanteurs ont écrit pour elle des poèmes et des chansons.

Le 9 janvier 2009, c’est le jour anniversaire de sa naissance, car elle est née le 9 janvier 1909 il y a 100 ans. A Paris, à Ajaccio et à Bastia des cérémonies qui s’appelaient « La Corse qui résiste, la Corse qui gagne » ont eu lieu en son honneur. Antoine Ciosi a chanté « Cum’una culumba » chanson écrite pour Danielle Casanova, et Yves Duteil a interprété en son honneur la chanson « Maquisardes ». Chansons que vous pourrez entendre à la salle des fêtes, lors de la cérémonie du 9 mai.

Vous pouvez être fiers de Lella, une petite fille de votre village qui est devenue Danielle Casanova, une héroïne corse qui fait honneur à la France.

Cérémonie du 9 mai 2009 devant la stèle de Danielle à Vistale

Piana, village de Danielle Casanova, a commémoré, le 9 mai 2009, le centième anniversaire de sa naissance. Une cérémonie devant la stèle de Danielle Casanova a rassemblé des habitants du canton en présence de M. Patrick Strzoda, Préfet de Corse, Préfet de la Corse du sud, de l'ANACR2A et de nombreux élus, notamment M. Nicolas Alfonsi, Sénateur de la Corse du sud, Monsieur Simon Renucci, Député-Maire d'Ajaccio, M. Dominique Bucchini, Président de l'Assemblée de Corse, Mme Hélène Luc, présidente du groupe communiste au Sénat, M.François Garidacci, Maire de Cargèse, M.Jean-Jacques Gianni, Maire d'Evisa, M.François Alfonsi Maire d'Osani.

Après les allocutions, Léa Secondi, classe de CM2 à Piana, a lu une lettre adressée à Lella (surnom de Danielle):

“Chère Lella Tu es née il y a 100 ans et tu as été une petite fille qui, comme nous, courait, jouait et riait dans les ruelles de notre beau village.
Comme nous tu aimais la vie, ta famille et ta Corse natale.
Quand tu as grandis tu t'es battue pour que ton pays, la France soit libérée de l'armée allemande qui l'occupait. Ton courage t'a enlevé cette vie que tu aimais tant. Mais les ennemis n'auront pas réussi à te faire disparaître complètement si nous, les enfants, cent ans après ta naissance, nous ne t'oublions pas.”

Après les dépôts de gerbe et la sonnerie aux morts, les participants à la cérémonie ont chanté la Marseillaise, le Chant des Partisans et le Chant des Marais.

Cette cérémonie commémorative s'est poursuivie dans la salle des fêtes de la Mairie de Piana, où Isaline Amalric-Choury, nièce de Danielle a présenté une exposition, réalisée à partir des archives familiales et mettant en perspective la vie de Danielle à travers l'enfance, la vie de militante, l'arrestation et la déportation, et les témoignages et les hommages.

Allocution d’ouverture de l’exposition par Isaline Amalric Choury 9 mai 2009

"Monsieur le secrétaire général de la préfecture d‘Ajaccio, Monsieur le sénateur de la Corse, Monsieur le maire d’Ajaccio, Mesdames et Messieurs les élus, Mesdames et Messieurs les représentants d’associations, Mesdames et messieurs, au nom de toute la famille de Danielle Casanova je vous remercie de votre présence en ce jour de commémoration.

Je tiens à saluer particulièrement, Madame Jacqueline Wroblewski, présidente de l’Anacr 2A pour son efficace mobilisation, et à remercier Madame Aline Castellani, maire de Piana, d’avoir mis à notre disposition cette salle des fêtes pour cette exposition, ainsi que Marie Hélène Alfonsi.

J’aimerais souligner la présence à mes côtés des membres de ma famille qui m’ont prêté leurs précieux souvenirs et documents pour que soient réunis pour la première fois tous les éléments permettant de reconstituer la vie de Danielle Casanova

Enfin, avant de passer la parole à Monsieur Paul Antoine Luciani, maire adjoint d’Ajaccio, je tiens à rendre hommage à Monsieur Pierre Durand pour son admirable ouvrage de référence, intitulé « Danielle Casanova, l’indomptable », qui a servi de support historique au déroulement de cette exposition

Juste un dernier mot pour remercier mes amies, Christiane, Sylvana, Angélique et sa mère, Angèle, Rose, Hélène, Laurence dont l’aide précieuse m’a permis de vous offrir ce buffet.

Merci à vous! "

Allocution de Paul-Antoine Luciani et lecrure d'un message de Marie-Georges Buffet:

 

XIVèmes Journées corses à Hyères - novembre 2009

De vendredi à dimanche, les 14es Journées, dédiées au savoir-faire insulaire, rendent hommage à Danielle Casanova, héroïne nationale sous l'Occupation

Le patrimoine corse en pleine lumière à l'Espace 3000

(Photos P. B.)

Puisque la recette des Journées corses régale chaque année des milliers de visiteurs, l'association organisatrice, Isula Bella, remet le couvert du vendredi 27 au dimanche 29 novembre, à l'Espace 3000.

Produits en provenance directe de l'île (fromage, charcuterie, fruits, vins, miel...), musique, expositions de photos et de peintures : la manifestation, quatorzième du nom, « consacrera, cette année encore, tout le savoir-faire insulaire, promet Jean-Pierre Lambicchi, président d'Isula Bella et fondateur de ces Journées corses. Hormis les traditionnels stands de dégustation - les plus prisés de la manifestation -, nous consacrons chaque année un thème ou un personnage, qui a marqué la Corse ».

Une grande résistante à l'honneur

À l'honneur durant trois jours : Danielle Casanova, héroïne de la nation, qui aurait eu cent ans cette année. Militante communiste et résistante, elle a notamment été responsable des jeunesses communistes, avant de fonder l'Union des jeunes filles de France. Déportée, cette Ajaccienne de naissance est décédée dans un camp à Auschwitz.

Outre la projection, vendredi soir, du film-documentaire « Au nom des autres », réalisé par une équipe de France 3 Corse, une exposition complète retracera le parcours de la combattante : à découvrir notamment, sa biographie, présentée au ministère de la Culture et au Sénat, ainsi que des documents familiaux présentés à l'Espace 3000 par sa nièce, Isaline Amalric, en personne.

T. H.   Nice-Matin