Simon Renucci

Allocution de M. Simon Renucci, Député Maîre d'Ajaccio

Monsieur le Préfet,
Monsieur le Sénateur,
Monsieur le Président de l’Assemblée de Corse,
Monsieur le Président du Conseil Général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les anciens combattants, résistants et victimes de guerre,
Chers concitoyens et amis,

En cette journée où nous commémorons le 68ème anniversaire de la libération d’Ajaccio, première ville de métropole débarrassée du fascisme, je suis à la fois heureux et honoré de vous accueillir à l’Espace Diamant pour un grand évènement culturel. La libération anticipée de la Corse qui est, à juste titre, l’une de nos grandes fiertés, si nous la devons pour partie aux circonstances, nous la devons surtout à l’incroyable courage, et à l’immense détermination des forces de résistance locale. Elle est une fierté que nous devons revendiquer et assumer.

Oui, la Corse a été libérée par ses habitants, avec le concours des forces françaises libres et sans l’appui des pays alliés.

Oui, la Corse et sa population ont été admirables de courage et d’abnégation face à la barbarie.

Oui, c’est à juste titre que le général de Gaulle pouvait saluer, lors de sa venue à Ajaccio le 8 octobre 1943, cet élan irrésistible par ces mots : « ils auraient pu attendre que la victoire des armées réglât, heureusement leur destin. Mais ils voulaient eux-mêmes être des vainqueurs. Ils jugeaient que la libération ne serait point digne de son propre nom s’ils n’avaient pas leur part dans la fuite de l’envahisseur ».

C’est pourquoi, nous tous ici présents ne pouvons nous empêcher d’avoir une pensée reconnaissante envers Scamaroni, Nicoli, Giusti, Mondoloni, Arthur Giovoni, Maurice Choury, envers tous leurs camarades martyrisés. Nous saluons leur mémoire avec émotion.

Ce sont ces héros, ainsi que l’ensemble des patriotes corses, qui sont au centre de l’exposition « Tous bandits d’honneur », réalisée par Isaline Choury Amalric et proposée au public depuis le 6 septembre et jusqu’au 13.

Cette exposition, au-delà de l’hommage et du souvenir, permettra aux visiteurs, et notamment aux jeunes, de redécouvrir l’histoire de la résistance corse ; elle leur permettra d’apprendre, et de réfléchir sur le destin de ces patriotes qui se sont engagés avec courage et dignité dans le combat pour la liberté et la démocratie, et ce au péril de leur vie.

Ils avaient, pour certains d’entre eux, pris le chemin du maquis, acceptant la condition de proscrit, de bandit, au nom des valeurs les plus sacrées qui étaient alors bafoués par les tenants du pouvoir. Le monde était alors sens dessus dessous, et les bandits étaient des héros. Ma banditi eranu d’unore, pour reprendre ces quelques mots d’une chanson populaire corse.

Si cette exposition me tient beaucoup à cœur, c’est aussi parce que cette période, qui n’en finit pas de nous instruire, doit également continuer à nous inspirer.

En ces temps troublés, en ces temps où la cohésion sociale semble particulièrement fragile, il est bon de se rappeler ce passé et de transmettre la mémoire de ces hommes et de ces femmes unis, rassemblés dans le combat pour la paix et un avenir plus juste.

C’est le rôle de l’Espace Diamant de programmer des spectacles et des expositions qui permettent aux visiteurs de prendre conscience du passé et ainsi, c’est ce que nous espérons, de mieux appréhender le présent. Je veux donc féliciter pour leur travail les services de la Ville, et particulièrement la Direction de la Culture et Madame Marie-Jeanne Nicoli, qui est elle-même l’héritière de cette histoire tragique et glorieuse de la résistance insulaire. Une histoire que chacun de nous doit transmettre aux générations suivantes, comme le témoignage de la grandeur et du dévouement dont les hommes sont capables.

Avant de terminer, permettez-moi de citer Jorge SEMPRÚN, lui aussi un résistant et interné dans un camp, qui rappelait dans une interview donnée en mai 2010, soit un mois avant qu’il ne nous quitte, que : « Face au mal absolu, c'est la fraternité qui permet de s'en sortir. La fraternité peut être, chrétienne, communiste, elle peut être beaucoup de choses… mais elle est fraternité avant tout ». C’est cette fraternité de combat et de résistance au mal absolu que nous saluons aujourd’hui. Fraternité de concorde capable de mobiliser les consciences, capable de servir d’appui à une solidarité active et soucieuse de la dignité humaine.

Fraternité de concorde voilà le bel héritage que nous ont légué tous ces héros et qui doit nous inspirer et nous guider pour nous permettre d’affronter sereinement les défis majeurs auxquels notre monde est confronté.

Merci de votre attention.