Hélène Chaubin

Extraits de « La Corse à l'épreuve de la guerre , 1939-1943» le dernier livre sur ce sujet d'Hélène Chaubin (correspondante en Corse du du comité d'histoire de la guerre mondiale, de l'Institut d'histoire du temps présent et du centre d'histoire sociale du Xxème siècle) Pages 197 à 203

Le 5 août

Les dirigeants du Front national « proposent, quelque puisse être l'attitude des Italiens, une attaque lancée sur les Allemands et les pouvoirs locaux hostiles à la cause de la libération. Réponse de Giraud le 5 août : Il convient d'attendre les ordres qui suivront l'armistice et de ne pas déclencher une action prématurée. Giovoni, alias Luc, transmet le message à Choury, dit Annibal.(...)

Choury, en accord avec l'union italienne clandestine, fait parvenir aux soldats des troupes d'occupation des tracts (...qui ) font référence à Garibaldi, réclament la paix, le pain, la liberté.

Dans le texte de Choury sur lequel délibèrent les membres du comité départemental on note une allusion à  l'agent 13  (…) qui a pris contact avec le colonnel Gianni Cagnoni, commandant du bataillon de chemises noires stationné à Bastia qui souhaite une alliance avec la résistance.(...) Six jours plus tard Giovoni prend le risque d'une rencontre à Bastia avec Cagnoni.(...) Le colonnel offre des informations, des moyens pour faciliter la propagande antifasciste dans les troupes et promet la constitution à Bastia d'une tête de pont, quand le débarquement aura lieu.

Le 24 août

Maurice Choury plaide à nouveau, le 24 août, dans un courrier aux membres du comité départemental, pour l'action immédiate. Il déplore l'attentisme du Général Giraud. (...) Choury craint l'épuisement des résistants et la décapitation du mouvement.(...) Il souligne que l'ennemi n'est plus l'Italien mais l'Allemand: le temps est venu d'une alliance claire avec Italia Libera pour une lutte commune contre les hithlériens et les fascistes.

Choury réclame une réunion: elle a lieu les 26 et 27 août. Les dernières réticences de Maillot et de Colonna d'Istria sont abandonnées: l'insurrection suivra immédiatement l'armistice. Giovoni décide d'aller rendre compte à Giraud et de le convaincre de l'imminence de l'action. Il arrive à Alger le matin du 8 queques heures avant l'annonce de l'armistice italien (…)

le 8 septembre :

Le 8 septembre, quand l'annonce faite à Alger parvient aux membres du comité départemental c'est Maurice Choury qui, au nom du comité d'arrondissement, a rédigé un ordre d'insurrection qui est un appel aux armes (…) mais aussi une directive politique : Il s'agit de (…) remplacer les conseils municipaux et de choisir immédiatement les délégués départementaux (…) Choury convie tous les combattants armés à se rendre à Ajaccio sauf si leur présence sur place est indispensable. (…) A Ajaccio, il y a foule dans les rues le soir même : une manifestation populaire, spontanée qui exprime joie et colère. On crie « Vive de Gaulle ! Vive la Corse française ! » (…)

Le Front national appelle à une nouvelle manifestation le 9 septembre à 10 heures. »

le 9 septembre :

«  Les résistants ont trouvé une ambulance municipale munie d'un haut-parleur. Du toit du véhicule Choury annonce le ralliement de la Corse à la France libre (…) Après un arrêt devant le monument aux morts, la manifestation se déplace vers la préfecture, précédée de jeunes gens porteurs de mitraillettes. Le préfet Pelletier (…) cède aux exigences du Front national. Dans les locaux, Henri Maillot arrache les portraits du Maréchal Pétain. Un conseil de préfecture composé des 5 dirigeants du comité départemental (Arthur Giovoni, Henri Maillot, François Vittori, Maurice Choury et Paulin Colonna d'Istria) prend la direction du département.

Il est vrai que de tels événements sont sans précédent. (…) A Bastia, le 9 septembre, le comité d'arrondissement diffuse une proclamation intitulée « Vive la Corse libre! Vive la Fance ! » Le Comité contrôle la mairie (…) Même situation à Sartène et à Corte le 9 septembre.

Le 13 septembre :

« Le soir du 13 septembre les Allemands reprennent la ville, dont les soldats italiens se sont retirés en désordre, et la mettent en état de siège. Le 13, le Casabianca (…) arrive au port d'Ajaccio. Ils (les hommes du bataillon de choc)devront patienter jusqu'au 17 avant de rejoindre les lignes de combat, car la première mission consiste à sécuriser la tête de pont d'Ajaccio, seule porte d'entrée pour les renforts qui suivront. »