« Tu Domenicu » de Jean-Paul Poletti
Tù Dumenicu » de Jean-Paul Poletti
D'ottobre in Zerubia a luna hè cusì bella En octobre à Zerubia la lune est si belle
E u ventu in furesta viulineghja in li pini Le vent dans la forêt joue du violon dans les pins
A notte di vaghjime aspetta un'altra stella La nuit d'automne attend une autre étoile
Da i Martini à Siò marchjanu i clandestini Des Martini à Siò marchent les clandestins.
E tu Dumenicu, ribellu di cugnome Et toi Dumenicu, surnommé le rebelle
Chi un vulia mai dorme Qui ne voulais jamais dormir.
E vostre le vittorie eranu silenziose Les vôtres, les victoires étaient silencieuses
A gloria a sai bè, ùn canta chè u ghjornu La gloire, tu le sais bien, ne chante que le jour
Quantu funu i cumpagni di'sse mosse furiose Combien furent les compagnons de ces actions furieuses
Chi partianu fieri senza pregà ritornu Qui partaient fiers sans espoir de retour.
E tu Dumenicu, ribellu di cugnome Et toi Dumenicu, surnommé le rebelle
Chi un vulia mai dorme Qui ne voulais jamais dormir.
E oghje senti dì chì ogni passatu hè mortu Et aujourd'hui tu entends dire que le passé est mort.
Chì li fiori s'annoianu nantu à e tombe vechje Que les fleurs s'ennuient sur les vieilles tombes
Chì hè megliu à ùn circà quale chi avia tortu Qu'il vaut mieux ne pas chercher celui qui avait tort
S'imbrutta la memoria in certe bocche techje La mémoire se salit dans les bouches trop pleines.
E tu Dumenicu, ribellu di cugnome Et toi Dumenicu, surnommé le rebelle
Chì ùn vulia mai dorme Qui ne voulais jamais dormir.
Oghje nantu à'ssi chjassi pascenu i muntoni Aujourd'hui sur les chemins paissent les moutons
Di quandu in quandu i neri intisgianu i bianchi De temps en temps les noirs affrontent les blancs
Chì dicerianu avà Giusti è Mondoloni Que diraient maintenant Giusti et Mondoloni
E tutti i to fratelli cù i so fucili stanchi Et tous tes autres frères aux fusils fatigués.
E tu Dumenicu, ribellu di cugnome Et toi Dumenicu, surnommé le rebelle
Chì ùn vulia mai dorme Qui ne voulais jamais dormir.
D'ottobre in Zerubia a luna hè cusi bella En octobre à Zerubia la lune est si belle
E u ventu in furesta viulineghja in li pini Le vent dans la forêt joue du violon dans les pins
A notte di vaghjime aspetta un'antra stella La nuit d'automne attend une autre étoile
Da i Martini à Siò marchjanu i clandestini Des Martini à Siò marchent les clandestins.
Tù dumenicu, ribellu di cugnome Et toi Dumenicu, surnommé le rebelle
Chì ùn vulia mai dorme Qui ne voulais jamais dormir.
Extraits de « Tous bandits d'honneur ! » sur les exploits de Dominique Luchini, dit “Ribello” :
En avril, l'ennemi marque un point avec l'arrestation des radios Vernuge et Andrei, mais vers la fin du mois les coups de feu annonçant l'entrée en campagne de « Ribello » ont dans toute l'île un profond retentissement. Armé d'un fusil de chasse, sur la route d'Aullène à Serra-di-Scopamène, « Ribello » abat deux carabiniers».
Le 9 juin 1943, au cours d'une opération de débarquement d'armes par sous-marin, « Ribello » est aux prises avec trois adversaires. L'affaire, devenue légendaire, a donné cours à tant de récits fantaisistes que nous la relatons dans les termes mêmes où il nous l'a contée : « (…) Tout cela se passait à soixante mètres d'une baraque abritant le poste de garde d'un pont. Pour donner une idée de la rapidité de la bagarre, les hommes de garde, assis à l'ombre sur le pas de la porte, au premier coup de feu, ressortaient seulement du poste, mousquetons en main, quand j'achevais le deuxième carabinier.. »
Le récit de l'exploit de « Ribello », colporté de bouche à oreille, allume le feu de la guérilla dans le sud de l'île, quand éclate la fusillade d'Ajaccio dont le retentissement immédiat va décupler les forces du Front national de libération de la Corse.
Le 18 juin, aux Martini, « Ribello » rencontre Charlot Giacomini et François Mondoloni. A ce dernier, il dit simplement : « Des hommes comme ton frère, on ne les pleure pas, on les venge. »