lycée Jules Antonini
Dans le cadre de la semaine d'éducation et d'action contre le racisme et l'antisémitisme – 21-28 mars 2016
Inauguration de l'exposition « Les leçons de l'Histoire »
et spectacle présenté par les élèves au Lycée professionnel Jules Antonini, à Ajaccio
Isaline Amalric : Je souhaite vous présenter un petit groupe d'élèves du lycée qui a préparé pour vous un spectacle. Ils ont appris à résister aux préjugés par l'art et la littérature : en proposant cette photo où posent une quarantaine d'élèves de toutes origines, avec cette légende : Nous les élèves du lycée Jules Antonini, nous optons tous pour une communauté de destin ; et en réalisant des dessins illustrant certains des thèmes étudiés. L'émotion qu'ils ont ressentie en apprenant les poèmes et en écoutant les chansons leur a permis de s'approprier un certain nombre de valeurs. Ils vont maintenant tenter par empathie de les transmettre à leurs camarades:
Lisa Trojani, Pierre Moneglia, Léa Quatelive, François Fravega, Marine Milleliri, Anastasia Tirroloni, Pierre-Paul Marin, Ignace Pantaloni, Quentin Vinciguerra
« MAIS DITES MOI, ETRE ETRANGER C'EST QUOI? »
- Lisa Trojani:« La Différence » de Jean-Pierre Siméon Pour chacun une bouche deux yeux deux mains deux jambes Rien ne ressemble plus à un homme qu’un autre homme
Alors entre la bouche qui blesse et la bouche qui console entre les yeux qui condamnent et les yeux qui éclairent
entre les mains qui donnent et les mains qui dépouillent entre le pas sans trace et les pas qui nous guident
où est la différence la mystérieuse différence ? |
- Pierre Moneglia:« L'étranger » de Jean-Pierre Siméon Je suis né à Paris de parents français : mon état civil est net comme une chemise du dimanche
Mais je suis étranger plus étranger que l'étranger à mon pays quand il est dur et froid comme la pierre et fermé comme une porte au ciel changeant des visages
Je suis étranger à la beauté qui ne s'offre qu'à son miroir étranger à celui qui sonne le tocsin pour un courant d'air |
Léa Quatefive:« Cher frère blanc » de Léopold Senghor
Quand je suis né, j'étais noir, Quand j' ai grandi, j'étais noir, Quand je vais au soleil, je suis noir, Quand j' ai peur, je suis noir ... Quand je suis malade, je suis noir... et quand je mourrai, je serai noir... |
Tandis que toi, homme blanc... Quand tu es né, tu étais rose, Quand tu as grandi, tu étais blanc, Quand tu vas au soleil, tu es rouge, Quand tu as froid, tu es bleu, Quand tu as peur, tu es vert, Quand tu es malade, tu es jaune, et quand tu mourras, tu seras gris... Après tout cela , tu as le toupet de m'appeler "HOMME DE COULEUR" ??? |
NOUS, NOUS OPTONS POUR LA FRATERNITE
– Lisa Trajani:« Fortune » de Joseph Paul Schneider
Il y a toujours quelque part quelqu’un debout devant une porte inconnu ennemi ami noir, jaune ou blanc qu’importe
parle pour l’amitié viens au secours de celui qui attend
laisse parler le cœur la porte que tu ouvres est chance pour lui chance pour toi ta générosité est ta fortune
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Pierre Moneglia « Cité du poème » d'Alain Serre Qui aura assez d’argent pour m’offrir un poème vrai contre la misère ? Un poème qui fonctionne dans la réalité des cités. Même à midi ,même à Noël. Un poème à retourner dans le sourire du poète si l’on n’est pas satisfait. Un poème droit , définitif que les lois devraient respecter. Avec un banc bleu au millieu de frais repeint jamais brisé. On y parlerait ensemble de ce qu’on ne connait pas de l’autre, de soi. Presque princes jamais rois.
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ET LE RACISME ? C'EST QUOI ? : LE RACISME N'EST PAS UNE OPINION MAIS UNE ABJECTION
François Fravega:« Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable » de Romain Gary
Le racisme, c'est quand on peut faire n'importe quoi avec eux, ça ne compte pas, parce qu'ils ne sont pas comme nous. Tu comprends ? Ils ne sont pas des nôtres. On peut s'en servir sans déchoir. On ne perd pas sa dignité, son honneur. Ils sont tellement différents de nous qu'il n'y a pas à se gêner. Il ne peut y avoir jugement voilà. On peut leur faire faire n'importe quelle besogne parce que de toute façon, le jugement qu'ils portent sur nous, ça n'existe pas, ça ne peut pas salir. .. C'est ça, le racisme.
-Marine Milleliri:« Racistes » de Jean-Pierre Siméon
Voilà ce qu'ils disent :
l'anémone est plus intelligente que la rose
le sable est plus beau que le chat
et la pierre a toujours été supérieure au potiron
Ils reprochent au noir d'être plus noir que le blanc
comme on reprocherait au feu
d'être plus chaud que la neige
et au miel d'être plus sucré que la vague
Et s'ils ont peur de leur ombre
c'est qu'ils se doutent un peu
que haïr l'étranger c'est avoir peur de soi
ON A PEUR DES MIGRANTS DES REFUGIES, MAIS POURQUOI ?
Lea Quatelive :« Gibraltar »de Jean-Pierre Siméon
Ceux là ne vont pas à la mer pour la mer pas pour nouer leurs rires à la gerbe des vagues pas pour cuire leur sommeil sur le sable
ils sont devant la mer debout sous la nuit sans étoiles comme devant l'abîme
derrière eux la terre qu'ils aiment harassée dépourvue où il n'y a de choix qu'entre la mort et la mort |
devant eux rien la mer immense un abîme à franchir comme on doit bien franchir le désespoir
ils savent que leur barque est plus fragile qu'un rêve
ils savent que là-bas peut-être à l'autre bout du vide la mer recrachera leur corps sur le sable froid
ils savent
debout devant la mer |
Pierre-Paul Marin et Ignace Pantaloni chantent : Lyrics to L'emigante – I Muvrini So eiu l'emigrante chi va à la pidiccia A l'orlu di u stradonu à meza pulvariccia So elu u spaisatu cusi voliii u distinu Chi tocc'à i fiddoli d'un populu mischinu Mà so prontu a stintà senz'alcuna rincori Pa pascià la me ghenti à colpa di sudori A colpa di sudori Vengu da isse pianuri indù u soli si strascina Natu in'una casetta culori di calcina culori di calcina So di li facci neri o di li musgincati Di quidi chi par vo in guerra so cascati In guerra so cascati E chi chi possu di chi ci possu fà élu Si di lu vosciu Diu ùn possu fà u mélu Un possu fà u mélu Un possu fà u mélu So chi quandu a sorti in lu mondu hé crudeli Pisemu tutti l'ochji ver di u stessu celi Ver di u stessu celi Ma intantu postu chi dite chi seti umani Stringhjitil'ancu vo purghjimucci una manu Purghjimucci una manu Purghjimucci una manu Purghjimucci una manu |
L'émigrant C'est moi l'émigrant qui marche sans fin Dans la poussière là-bas sur le bord d'un chemin C'est moi le sans pays au hazard du destin Où se perdent les enfants des terres sans lendemain Je suis prêt à peiner sans aucune rancoeur Pour que vivent les miens à force de sueur A force de sueur Je viens de ces contrées où le soleil chauffe tôt Né sous un abri aux murs teintés de chaux Aux murs teintés de chaux Aux murs teintés de chaux Je suis de ces visages noirs ou basanés De ceux qui comme vous à la guerre sont tombés A la guerre sont tombés Mais que puis-je donc faire qu'y pourrais-je donc bien Si de votre bon dieu je ne puis faire le mien Je ne puis faire le mien Et pourtant quand le sort en ce monde est cruel Nous levons tous les yeux en quête d'un même ciel En quête d'un même ciel Alors en attendant puisque nous sommes humains Je vous la tends aussi Serrons nous donc la main Serrons nous donc la main Serrons nous donc la main
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La résistance au fascisme, c'est quoi ? :
C'est ma Corse à moi (..) c'est celle de la deuxième guerre mondiale qui combat tous les totalitarismes, tous les racismes, tous les intégrismes, l’obscurantisme et tout manichéisme, la Corse qui aime les mots d’amour, et aussi la liberté, la Corse qui n’en finira jamais de détester le mot soumission et de choyer le mot révolte.
Anastasia Tirrolini s'avance au centre de la scène : « L'affiche rouge » poème de Louis Aragon (2 élèves brandissent l'affiche rouge tandis que le récitant lit son texte)
De nombreux étrangers présents en France avant la guerre, en particulier ceux qui avaient fui le fascisme et la tyrannie dans leur pays, y compris des Allemands, se sont engagés dans la Résistance en France. L’épisode de l’Affiche rouge est là pour rappeler la grandeur de leur engagement et leur martyr.
Dans la résistance communiste, des “groupes de langue”, rassemblés dans une structure clandestine appelée Main-d'œuvre immigrée (MOI), opèrent au sein d'unités militaires relevant des FTP (Francs-tireurs et partisans). Au début de 1944, l'occupant et les séides de la collaboration tentent de compromettre la Résistance en jouant les cartes du racisme, de l’antisémitisme et de la xénophobie.
Vous n ́avez réclamé ni la gloire ni les larmes Ni l ́orgue ni la prière aux agonisants Onze ans déjà que cela passe vite onze ans Vous vous étiez servis simplement de vos armes La mort n ́éblouit pas les yeux des Partisans
Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants L ́affiche qui semblait une tache de sang Parce qu ́à prononcer vos noms sont difficiles Y cherchait un effet de peur sur les passants
Nul ne semblait vous voir Français de préférence Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant Mais à l ́heure du couvre-feu des doigts errants Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE Et les mornes matins en étaient différents
Tout avait la couleur uniforme du givre A la fin février pour vos derniers moments Et c ́est alors que l ́un de vous dit calmement Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
Adieu la peine et le plaisir Adieu les roses Adieu la vie adieu la lumière et le vent Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent Toi qui vas demeurer dans la beauté des choses Quand tout sera fini plus tard en Erevan
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Un grand soleil d ́hiver éclaire la colline Que la nature est belle et que le cœur me fend La justice viendra sur nos pas triomphants Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline Et je te dis de vivre et d ́avoir un enfant
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent Vingt et trois qui donnaient le cœur avant le temps Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir Vingt et trois qui criaient la France en s ́abattant |
Visite de l'exposition
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Rapport d’activités du Conseil des délégués pour la Vie Lycéenne
2015-2017
Les actions citoyennes.
a. La semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme.
Les élèves du CVL ont décidé d’organiser pour cette semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme différentes manifestations. Les CPE, l’infirmière et deux surveillants les ont aidés dans leurs démarches. Ils ont également reçu l’aide et le soutien de Madame Isaline AMALRIC-CHOURY, personnalité reconnue et très impliquée en ce qui concerne la formation et la sensibilisation des jeunes à ces problématiques.
Les différentes manifestations s’articulaient autour d’une exposition. Des dessins réalisés par les élèves étaient exposés ainsi qu’une photo représentant la diversité au sein de l’établissement. Cette dernière est toujours affichée dans le hall. Cette exposition était ouverte à l’ensemble des établissements du bassin pendant la semaine.
Autour de cette exposition, les élèves du CVL ont présenté et récité des textes et poèmes d’auteurs tels que Jean-Pierre Siméon, Léopold Senghor ou Louis Aragon. Deux élèves ont également préparé avec un surveillant des chants comme L’Emigrant d’I Muvrini et l’hymne Bella Ciao. Des membres d’associations comme Les amis de Maurice Choury, Les amis de Danielle Casanova et l’association des Anciens Combattants étaient présents à l’inauguration de l’exposition. Les élèves ont ainsi pu débattre sur des sujets comme « où peut conduire le racisme ? », « la résistance contre le fascisme », « réfugiés et immigration » sans oublier les récents attentats.
A la suite de cette semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme, l’établissement a reçu Monsieur Yazid KHERFI, consultant en prévention. Des thèmes comme : les enjeux en termes de prévention des situations de violence et de délinquance, la promotion des valeurs de la République et du « Vivre ensemble », ainsi que la lutte contre les discriminations et le racisme ont été abordés. Il nous est apparu avec concertation du CVL et dans le contexte actuel de proposer à cinq classes de l’établissement l’intervention de Monsieur KHERFY. Ancien délinquant, passé par la case prison pendant cinq ans, il était intéressant de confronter les élèves à des événements récents, plus proche d’eux et concrets afin de développer et d’améliorer la compréhension des événements mis en lumières à l’occasion de la semaine organisée au mois de mars.