Musée AERI
Musée de la résistance en ligne
Danielle Casanova est née Vincentella Perini, le 9 janvier 1909 à Ajaccio, dans une famille d'instituteurs composée de cinq enfants. Son père est un sympathisant communiste. L'une de ses trois soeurs est Emma Choury, l'épouse de Maurice Choury, l'un des dirigeants du Front national en Corse, auteur de Tous bandits d'honneur.
Munie de ses bacs obtenus au Luc dans le Var, elle continue ses études au lycée Longchamp à Marseille en qualité de boursière. Après 3 semaines d’hypokhâgne, elle quitte Marseille. Elle part à Paris chez son frère journaliste pour faire dentaire (elle sera chirurgien-dentiste en 1932). En novembre 1927, une fois inscrite en dentaire de la rue Garancière, elle adhère avec enthousiasme à l’Union Fédérale des Etudiants (U.F.E), elle a 18 ans. En octobre 1928, elle adhère aux Jeunesses communistes. Devenue responsable de la section dentaire de l’U.F.E, elle collaborait au journal et le vendait à la criée. C’est pendant ses classes militantes qu’elle rencontre Laurent Casanova, qu'elle épousera le 12 décembre 1933.
En février 1934, élue membre d’une nouvelle direction des Jeunesses Communistes puis Secrétaire générale du Comité mondial des femmes contre la guerre et le fascisme, elle participe activement au journal Jeunes Filles de France.
Au cours de l'année 1934 toujours, elle suit pendant un mois l'école du parti à Moscou, et intègre le comité central des Jeunesses communistes. Quand l'Union des jeunes filles de France est créée en 1936, elle en devient la secrétaire générale. Elle est ainsi à l'origine des comités populaires féminins de la Résistance et créé le journal La Voix des Femmes. Elle participe à la formation des premiers groupes de Francs-Tireurs et Partisans. Elle reste fidèle à son engagement militant après l'interdiction de son parti, en septembre 1939, et agit désormais dans la clandestinité.
En octobre 41 avec l’aide de Josette Cothias, elle édite une Humanité des femmes. Fin janvier 1941, Danielle lance le premier numéro du bulletin Le trait d’union des familles de P.G qui paraîtra jusqu’en 1944. Danielle est au cœur du mouvement de protestation contre l’occupant et la politique de Vichy. La direction du PC l’avait également chargée de rassembler les intellectuels patriotes, nouvelles activités qui la conduiront directement à l’arrestation. Danielle a été arrêtée le lendemain de sa rencontre avec Josette Cothias près du Pont Mirabeau le 15 février 1942, victime d’un « coup de filet » préparé de longue date. Elle reste au Dépôt de la Préfecture de Police jusqu’au 23 mars. Elle y a retrouvé des amies : Maï Politzer, M.C Vaillant-Couturier. Le 23 mars elles quittent le Dépôt pour la prison de la Santé. Elles y resteront 5 mois ½, souffrant de la faim et de la présence de la mort. Le 9 juin 1942, les femmes sont emmenées rue des Saussaies pour interrogatoire par la Gestapo. Incarcérée à Romainville, elle devient la rédactrice en chef du Patriote de Romainville, rédigé par des patriotes de toutes opinions, écrit et recopié à la main. Le 21 janvier 1943, presqu’un an après son arrestation, Danielle est déportée. Le convoi arrive à Auschwitz-Birkenau ; elles sont 230. C’est le convoi des otages, des veuves, convoi-symbole des femmes de la Résistance, elles avaient entre 17 et 69 ans. A leur arrivée au camp le jour se lève à peine, et sous l’œil médusé des SS, les Françaises passent la porte du camp en chantant à tue-tête. La dentiste en fonction venait de mourir du typhus et Danielle la remplace. Elle se trouve ainsi dans une situation exceptionnelle, elle distribue à ses camarades les plus démunies nourriture et lainages, et des médicaments volés. Elle a presque immédiatement établi le contact avec l’organisation clandestine. Et grâce à la complicité de Malhova (interprète slovaque) et de la communiste Gerda Schneider, elle trouve la filière internationale de la résistance. Début mai 1943, des tracts dénonçant l’horreur d’Auschwitz circulent en France. Danielle connaît le block 26 où sont parquées ses camarades. Elle y va le soir soigner les malades, consoler, encourager. Les camarades meurent les unes après les autres, vaincues par le typhus. Sur les 49 rescapées du convoi, seules 3 réussirent à échapper au typhus. Le 1er mai 1943, prise d’une violente fièvre, elle ne reconnaissait personne. Puis la fièvre est retombée, signe fatal. Le 9 mai 1943, Danielle n’est plus, elle est tombée sans avoir jamais cessé de croire dans la vie nouvelle. Danielle Casanova est l'une des figures les plus emblématiques de l'esprit de Résistance des Corses. D'après Hélène Chaubin in CD-ROM La Résistance en Corse, 2e édition, AERI, 2007.