Commémoration 9 mai 2014

Hommage à Danielle Casanova (1909-1943) - France 3 Corse ViaStella

Son village de Piana en Corse-du-sud commémore ce 9 mai le 71ème anniversaire de la mort de la résistante communiste

 

Cérémonie devant la stèle

Stèle de Danielle Casanovainterview jeune homme

 

Exposition dans la maison de famille de Danielle à Vistale

 

expo mort de Danielle Casanovaexpo jeune fille

 

reception maison de famille D. Casanovaexpo D.Casanova Isaline

 

inteviw Isaline Amalricjeune fille expo D.Casanova

AFFICHE ANNONCANT LA CEREMONIE

 

Invitation commémoration 0 mai 2014

 

DEROULE DE LA CEREMONIE devant la stèle de Danielle Casanova

 

LES RECITANTS :

 

 Vincent Choury: Vincentella Périni, que l'on surnommait Lella, est née le 9 janvier 1909 à Ajaccio. Elle est la troisième enfant d'un couple d’instituteurs. Son grand-père maternel était juge de paix. Sa grand-mère, paysanne vêtue de noir, ne voulut jamais parler que le corse.

Jusqu’à sa mort, elle n’a jamais cessé de militer, Elle fut la première à prôner l'épanouissement des femmes. Elle avait du rôle de la femme une conception très moderne, assez inhabituelle pour l’époque. Pour honorer ce rôle précurseur, un timbre à son effigie sera émis le 8 mars 1983 à l'occasion de la première journée internationale des femmes.

 Dés septembre 1939, elle entre dans la clandestinité pour mener le combat contre l’occupant nazi. Elle contribue à la presse clandestine, notamment pour « la Pensée libre » et fonde « la Voix des femmes ». 

Isaline Amalric-Choury: Elle organise dans Paris de nombreuses manifestations contre l'occupant, notamment celles des 8 et 11 novembre 1940 suscitées par l'arrestation du professeur Paul Langevin, puis celle du 14 juillet 1941, ou l’on vit avec stupéfaction un immense drapeau tricolore sortir du métro tandis que résonnait la Marseillaise.

Elle fut, enfin, avec Albert Ouzoulias, à l'origine des “Bataillons de la jeunesse”, ces groupes armés qui donneront en 1941 le signal de la lutte contre l'occupant en tuant un officier allemand dans les couloirs du métro.

Filée depuis longtemps par la police française, Danielle est arrêtée le 15 février 1942, elle sera interrogée au dépôt de la préfecture jusqu'au 23 mars, emprisonnée ensuite à la Santé et enfin livrée à la Gestapo le 9 juin puis gardée comme otage politique au Fort de Romainville à partir du 24 aout 42.

Dès son arrestation et jusqu'à sa mort, Danielle Casanova s'illustra par son esprit de solidarité et de résistance. Au Fort de Romainville, elle met en place une organisation clandestine disposant d’un journal, écrit et recopié à la main: « le Patriote de Romainville ».   Elle parvient à faire parvenir des lettres à sa mère depuis le dépôt de la préfecture puis du Fort de Romainville. Elles sont toutes empreintes d'un extraordinaire courage, d'un élan vital irrépressible, d'une confiance lucide en l'avenir, comme en témoignent ces quelques brefs extraits :

Vincent Choury :- Si je n’ai plus au-dessus de ma tête le soleil radieux de Corse, ni celui de l’Ile-de-France, j’ai du soleil plein le cœur; je suis calme et solide.
- A l’heure actuelle, c’est une fierté que d’être emprisonnée.
-Nous ne sommes jamais tristes. La souffrance n'attriste pas elle donne des forces.
-Si le ventre est creux, j'ai toujours bon pied, bon œil. Vois-tu, ils peuvent nous tuer, mais de notre vivant, ils n'arriveront jamais à nous ravir la flamme qui réchauffe nos cœurs.
-L'air est léger et l'espoir habite mon cœur ;  en fait, il y a élu domicile depuis toujours. Je connais la souffrance mais pas la tristesse, et je trouve la vie si grande et si belle.
Isaline Amalric-Choury- Derniere lettre de Romainville avant le départ pour Auschwitz : « Demain, 5 heures lever, 6 heures fouille, puis départ en Allemagne. Nous sommes 231 femmes, des jeunes, des vieilles, des malades et même des infirmes. La tenue de toutes est magnifique, et notre belle Marseillaise a retenti plus d’une fois. Nous ne baisserons jamais la tête ; nous ne vivons que pour la lutte. Les temps que nous vivons sont grandioses. Je vous dis au revoir ; j’embrasse tous ceux que j’aime.  N’ayez jamais le cœur serré en pensant à moi. Je suis heureuse de cette joie que donne la haute conscience de n’avoir jamais failli et de sentir dans mes veines un sang impétueux et jeune. Notre belle France sera libre et notre idéal triomphera.

Vincent Choury : Danielle est déportée le 24 janvier 43 à Auschwitz  

Ce courage et cette volonté de résister et de garder dignité humaine ne la quitteront pas en arrivant à Auschwitz. Après l'angoisse du voyage en train, c'est l'horreur pour le convoi des femmes qui découvrent le camp de concentration, les cris des SS et les aboiements des chiens. Où sont-elles donc ? Elles ont peur. Danielle qui chantait faux souffle alors à une compagne : « la Marseillaise! ». Et les françaises passent la porte du camp, en chantant la marseillaise à tue-tête sous l’œil médusé des SS.

Elle contribue à faire connaitre à l'extérieur la vérité sur le sort des détenus. Dés fin avril, début mai 1943, des tracts dénonçant l'horreur d'Auschwitz circulent en France. Elle se rend chaque soir dans le block 26 où sont parquées ses camarades, console les mourantes, vole des médicaments et soigne les malades.

Le 9 mai 1943, elle meurt du typhus, victime des visites quotidiennes qu'elle rendait aux contagieuses.

Isaline : Le Musée Grévin Poème d’Aragon écrit le 6 octobre 1943 après la mort de Danielle en hommage aux déportés morts dans les camps, et aux survivants dont on annonce le retour.

J'écris dans ce pays que le sang défigure

Qui n'est plus qu'un monceau de douleurs et de plaies

Une halle à tous vents que la grêle inaugure

 Une ruine où la mort s'exerce aux osselets

 

Auschwitz Auschwitz ô syllabes sanglantes

Ici l’on vit l’on meurt à petit feu

On appelle cela l’exécution lente

Une part de nos cœurs y périt peu à peu

 

Limites de la faim limites de la force

Ni le christ n’a connu ce terrible chemin

Ni cet interminable et déchirant divorce

De l’âme humaine avec l’univers inhumain

 

Puisque je ne pourrais ici tous les redire

Ces cents noms doux au fils aux frères aux maris

C’est vous que je salue en cette heure la pire

Marie Claude en disant je vous salue Marie

 

Hélas les terribles semailles

Ensanglantent ce long été

Cela dure trop écoutez

On dit que Danielle et Maïe… ?

 

Les mots sont nuls et peu touchants

Maïe et Danielle Y puis-je croire !

Comment achever cette histoire

Qui coupe le cœur et le chant ?

 

Je vous salue Maries de France aux cents visages

Et celles parmi vous qui portent à jamais

La gloire inexpiable aux assassins d’otages

Seulement de survivre à ceux qu’elles aimaient

 

Vincent Choury :

« Le cœur de Danielle battait d’un courage invincible. Dans sa frêle guérite, il battait pour les autres et puis, dans l’enfer d’Auschwitz, la guérite s’est abattue et le cœur s’est tu.

Ses derniers battements résonneront à jamais dans la vie consciente de la France ». Pierre Durand

Isaline Amalric-Choury:

Ils ont voulu l'anéantir, ils l'ont rendue immortelle !!!

 

DEPOTS DE GERBES

Maire de Piana, ANACR2A, Association Amis de Danielle Casanova-Histoire et Mémoire

 

SONNERIE AUX MORTS -MINUTE DE SILENCE

 

CHANTS REPRIS EN CHOEUR PAR LES PARTICIPANTS

La Marseillaise, le chant des partisans, le chant des Déportés (Chant des marais)

La Marseillaise

Allons enfants de la Patrie
Le jour de gloire est arrivé
Contre nous de la tyrannie
L'étendard sanglant est levé
L'étendard sanglant est levé
Entendez vous dans nos campagnes
Mugir ces féroces soldats
Qui viennent jusque dans nos bras,
Egorger nos fils, nos compagnes

Aux armes citoyens ! Formez vos bataillons !
Marchons, marchons,
Qu'un sang impur abreuve nos sillons

Amour sacré de la Patrie
Conduis, soutiens nos bras vengeurs !
Liberté, Liberté chérie !
Combats avec tes défenseurs
Combats avec tes défenseurs .
Sous nos drapeaux, que la victoire
Accoure à  tes mâles accents,
Que tes ennemis expirant

Voient ton triomphe et notre gloire !

Aux armes citoyens ! Formez vos bataillons !
Marchons, marchons,
Qu'un sang impur abreuve nos sillons

Nous entrerons dans la carrière,
Quand nos aînés n'y seront plus
Nous y trouverons leur poussière
Et les traces de leurs vertus.
Et les traces de leurs vertus.
Bien moins jaloux de leur survivre
Que de partager leur cercueil,
Nous aurons le sublime orgueil
De les venger ou de les suivre !

Aux armes citoyens ! Formez vos bataillons !
Marchons, marchons,
Qu'un sang impur abreuve nos sillons

Le chant des Partisans – Yves Montand

Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?
Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu'on enchaîne?
Ohé! partisans, ouvriers et paysans, C'est l'alarme!
Ce soir l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes!

Montez de la mine, descendez des collines, camarades!
Sortez de la paille les fusils, la mitraille, les grenades...
Ohé! les tueurs, à la balle et au couteau, tuez vite!
Ohé! saboteur, attention à ton fardeau: dynamite!

C'est nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères,
La haine à nos trousses et la faim qui nous pousse, la misère...
Il y a des pays où les gens au creux de lits font des rêves;
Ici, nous, vois-tu, nous on marche et nous on tue, nous on crève.

Ici chacun sait ce qu'il veut, ce qu'il fait quand il passe...
Ami, si tu tombes un ami sort de l'ombre à ta place.
Demain du sang noir séchera au grand soleil sur les routes.
Sifflez, compagnons, dans la nuit la Liberté nous écoute.

Ami, entends-tu ces cris sourds du pays qu'on enchaîne ?
Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines ?
Oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh oh...

 

Le chant des déportés (chant des marais)

Loin vers l’infini s’étendent
Des grands prés marécageux.
Pas un seul oiseau ne chante
Sur les arbres secs et creux.

Ô terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher, piocher

Dans le camp morne et sauvage
Entouré de murs de fer
Il nous semble vivre en cage
Au milieu d'un grand désert

Ô terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher, piocher

Bruit des chaînes et bruit des armes,
Sentinelles jour et nuit,
Et du sang, des cris, des larmes,
La mort pour celui qui fuit.

Ô terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher, piocher

Mais un jour dans notre vie,
Le printemps refleurira
Libre enfin, ô ma patrie,
Je dirai tu es à moi.

Ô terre d’allégresse
Où nous pourrons sans cesse
Aimer, aimer

 

Isaline Amalric Choury :

 

« L'association des Amis de Danielle Casanova salue la présence de l'ANACR 2A conduite par sa présidente Jacqueline Wroblewski, ainsi qu' Aline Castellani et le conseil municipal pour leur aide.

Nous sommes très émus de voir tous les visages amis du village ainsi que les pompiers, qui sont venus rendre hommage à cette héroine nationale qui s'est battue pour nous donner la liberté.

Je vous invite maintenant à rejoindre la maison de famille de Danielle où une exposition vous est présentée autour d'un pot du souvenir. »